Guerre ou paix, l’impasse de Bab el-Tebbaneh
A Tripoli, capitale du nord du Liban, un plan de sécurité militaire a mis fin aux affrontements chroniques entre deux quartiers qui vivaient au rythme de la guerre en Syrie. Mais laissés pour compte par une élite politique à la fois pompier et pyromane, les ex-combattants voient l’avenir en noir.
Un nuage de fumée noire s’élève dans la rue qui sépare le marché de Bab el-Tebbaneh du fleuve Abou Ali à Tripoli, ville du nord du Liban d’environ 500’000 habitants. Des soldats de l’armée, gueules adolescentes sous des casques vissés de travers, serrent fort leurs kalachnikovs. Devant eux, le brasier allumé avec des fripes et des cageots par les habitants du quartier, symbole de leur colère.
Ces jeunes recrues sont là pour assurer la bonne mise en œuvre du plan de sécurité lancé le 1er avril par le nouveau gouvernement libanais; plan qui doit mettre un terme à six ans d’affrontements entre le quartier sunnite de Bab el-Tebbaneh favorable à la rébellion syrienne et Jabal Mohsen, la colline alaouite adjacente pro-Assad. Depuis, les cris de colère et de lamentation des habitants de ces quartiers marginalisés ont remplacé les salves de sniper et les tirs de mortier.
Pendant ces six ans, Rami*, natif de Bab-el-Tebbaneh, a pris lui aussi le fusil pour défendre son quartier. L’hiver dernier, un soldat de l’armée lui a tiré une balle dans la cuisse gauche. Après sa convalescence, il a perdu le poste qu’il occupait dans une entreprise de nettoyage. Abou Saad, un autre ex-combattant, a été blessé au poignet droit, il a donc dû vendre sa boucherie. Depuis la fin des combats, il vivote grâce la générosité de ses frères. Abou Saad assure qu’il n’y aurait pas eu de combattants à Bab el-Tebbaneh s’il y avait des emplois à pourvoir, et feint d’interroger: «Pendant six ans, nous avons combattu pour les hommes politiques. Du jour au lendemain, ils nous abandonnent aux mains de l’armée et nous demandent de trouver un travail. Mais lequel?»
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Un grand merci à Hachem pour son aide à Tripoli!
Réagissez, débattons :