La Liberté
Je n’ai jamais été en Suisse. Mais quand je dis à un habitant du quartier le plus pauvre de Tripoli, au nord du Liban, devant sa maison qui vient d’être démolie par les tirs des chars de l’armée postés à l’abri d’un mur, que je suis venu pour raconter les débris de sa vie dans un journal qui s’appelle La Liberté, et bien ça lui fait plaisir. Voilà, comme quoi, les mots comptent parfois. La Liberté, ça évoque l’air frais, l’espace, la paix, le respect, l’accès à la société et à ce qu’elle a de si beau à nous offrir à nous autres, pauvres animaux politiques. Autant de choses que ce pauvre bougre de Mustafa, habitant de Bab el-Tebbaneh, ne voit que de loin. La Liberté n’a pas toujours été si libre à en croire l’historique du journal sur Wikipedia. Avant l’arrivée d’un certain François Gross, qui sera son rédacteur en chef entre 1970 et 1990, big up pour la longévité, le journal était inféodé à un parti conservateur. Voilà, il fallait le dire. Comme quoi, les hommes comptent parfois. L’homme a aussi créé Reporter Sans Frontières en Suisse et la Fondation Hirondelle, que j’avais entendu gazouiller (les hirondelles gazouillent-elles ?) quand j’étais en Afrique, où sa mission de créer des médias indépendants est d’une nécessité criante. Les articles que je publie sur La Liberté sont aussi publiés sur Le Courrier, son partenaire pour les informations internationales.