Prix
« Le journaliste est un être timoré. Là où le romancier plonge sans peur dans les eaux de l’exposition de soi, le journaliste tremble de peur et reste sur la plage dans son peignoir de bain », écrit l’écrivain américaine Janet Malcolm. Et de par cette peur qui ne me quitte jamais vraiment, j’ai toujours la sensation d’être un clown en peignoir lorsque je ne demande pas aux autres de mettre leur vie en récit. Le sentiment d’imposture décrit par Belinda Cannonne, je le ressens d’autant plus lorsque je reçois un prix de journalisme, pour avoir mis en mots les vies souvent tragiques ou héroïques de personnes qui, eux, m’ont donné leur temps gratuitement. Cela n’en est pas moins un grand honneur d’être reconnu par ses pairs, parmi lesquels beaucoup partagent peut-être la même sensation et font de leur mieux, comme moi, pour la cacher.