Sur les ondes

Formé au journalisme sur les ondes de Radio Campus Rennes et de Radio Orient quand je n’avais pas encore terminé mes études, j’ai repris le micro au Liban pour redonner une place à ma première passion, les ondes. Au début, c’était laborieux, n’ayant pas fait de reportage radiophonique pendant des années, de raconter un récit à voix nues. Mais au fil des reportages, j’ai repris goût à la narration par le son. En voici quelques exemples, diffusés entre 2017 et 2020 dans l’émission Point de fuite de la Radio Télévision Suisse (RTS).

Graines d’espoir !

La vallée de la Bekaa est une langue de terre agricole située à l’est du Liban, non loin de la frontière syrienne. 360ʹ000 réfugiés syriens vivent dans cette région montagneuse où les agriculteurs cultivent à grands renforts dʹintrants chimiques et puisent parmi ces réfugiés une main dʹœuvre à bon marché. Mais, sur une petite parcelle de 2000 m², un collectif dʹagriculteurs composé de Syriens, de Libanais et de Français conçoit un projet radicalement différent: Bouzourna Jouzourna, Nos graines, nos racines. Ils cultivent biologiquement un champ recouvert de centaines de variétés de fruits et de légumes dont ils sélectionnent les graines afin de les envoyer en Syrie pour y soutenir les agriculteurs. Bouzourna Jouzourna dispense également des cours sur lʹagriculture bio dans une région où elle n’existe encore que de façon balbutiante.

Les chebab palestiniens du Liban

Ils sont nés dans des camps de réfugiés, non loin de la Palestine dont leurs grands-parents ont été chassés en 1948 pour ne jamais y revenir. Là, privés de droit de propriété, interdits dʹexercer des métiers à valeur ajoutée, entassés dans des mansardes qui sʹempilent dangereusement les unes sur les autres, les jeunes palestiniens du Liban vivent dans le dénuement, en marge de leur société dʹaccueil. Nés au Liban mais sans les droits qui vont avec, sentant le droit au retour en Palestine sʹéloigner, certains chebab se prennent à rêver dʹEurope pour fuir la violence et le chômage. Dʹautres composent avec leur destin de déracinés permanents, à travers lʹart, lʹactivisme et la solidarité.

Soudan: autopsie d’un massacre annoncé

À Khartoum, les traces dʹincendie et de sang continuent de maculer le sol du centre-ville où, pendant un mois, des dizaines de milliers de Soudanais ont manifesté leur désir de changement et mis en commun leurs rêves de liberté. Le 3 juin, à lʹaube, la dispersion sanglante du sit-in révolutionnaire a provoqué la mort dʹau moins 128 personnes. 70 cas de viols ont été recensés et des centaines de personnes ont été blessées. Une semaine après, nous suivons le combat des activistes qui ont survécu à lʹattaque pour rétablir la vérité sur ce qui sʹest passé lors de cette journée qui les a traumatisés. Ce reportage a été réalisé derrière des vitres teintées, dans des lieux sûrs, souvent sous couvert dʹanonymat. Sans Internet, les Soudanais sont coupés du monde, mais plus que jamais déterminés.

A Paris : le dernier cinéma associatif en lutte contre la ville-musée

Depuis le 20 septembre 2019, le cinéma la Clef est le théâtre d’une expérience collective joyeuse et engagée. Chaque soir, à 19H30, qu’il vente, qu’il pleuve ou que le coronavirus ronge, un collectif de cinéphiles engagés y propose un film à prix libre, régulièrement suivi d’un débat avec son réalisateur. Pour ce cinéma né dans le sillage de Mai 68 dans le quartier latin, seul cinéma dans les années 1990 à avoir projeté des films en provenance des marges du tiers-monde, c’est un retour à sa raison d’être, après sa fermeture en 2018 par le comité social et économique de la Caisse d’Epargne Île-de-France. Ses occupants, issus du milieu squat et de celui du cinéma indépendant, réunis au sein de l’association Home Cinéma, espèrent sauver le cinéma et, aussi, prouver qu’une autre culture, non commerciale et collective, est possible au cœur de Paris.

 

 

 

Réagissez, débattons :



Laisser un commentaire